Camille Vega : “La hausse des prix aggrave la situation”

L'enquête annuelle du Secours populaire confirme une précarité grandissante. Entretien avec Camille Vega, secrétaire général du Secours populaire du Bas-Rhin.

Le 16e baromètre Ipsos/Secours populaire sur la précarité, publié en septembre, montre une aggravation de la pauvreté en France. Quels en sont les principaux enseignements ?

Avec la hausse des prix, la situation s’est détériorée en 2022 pour les foyers modestes. Aujourd’hui, 15% des Français vivent à découvert et 36% arrivent tout juste à boucler leur budget. La part de ceux qui avouent des difficultés pour payer les frais de transports a augmenté de 15 points en un an, pour partir en vacances une fois par an de 7 points, pour avoir une alimentation saine de 5 points ! Tous les indicateurs de problèmes financiers battent des records cette année. En 16 ans, la situation n’a jamais été aussi inquiétante.

Votre expérience de terrain confirme-t-elle ces données ?

Totalement. Nous constatons une très forte augmentation du nombre de personnes nous sollicitant, notamment sur l’aide alimentaire qui a fait un bond de 60%. La hausse des prix alors que les ressources stagnent crée de nouvelles situations de déséquilibre. On voit des familles qui avaient réussi à sortir la tête de l’eau revenir vers nous. Et il y a de plus en plus de personnes à la rue, en extrême fragilité, pour lesquelles les associations comme la nôtre sont les seuls moyens de subsistance.

Parler de « nouveaux visages de la précarité » est-il pertinent ? 

Cela fait plusieurs années que l’on connaît les profils des personnes pauvres : familles monoparentales, retraités, étudiants, personnes handicapées, travailleurs précaires, foyers aux minima sociaux… Ce qui change, c’est leur nombre qui augmente et leur précarisation croissante. La hausse des prix fait basculer ou aggrave la situation de personnes qui étaient déjà sur le fil du rasoir.

Propos recueillis par Stéphanie Peurière